LES TROUBLES DE PLUMAGE CHEZ LES OISEAUX


  1. Le toilettage excessif, le grignotage des plumes ou le picage sont des problèmes complexes que l'on retrouve souvent chez les oiseaux de compagnie. Leurs causes sont multiples et peuvent être autant physiques qu'émotionnelles. Certains oiseaux malades n'adoptent jamais ce comportement déviant devant leur maître; d'autres sont incapables d'arrêter même une fois chez le vétérinaire.

  2. Les infections cutanées (d'origine bactérienne, virale, fongique ou miteuse), les déséquilibres hormonaux, les allergies et les cancers peuvent causer ces troubles de plumage ou y contribuer, mais cela est inhabituel. Pourtant il est fréquent qu'on soupçonne, presque toujours à tort, les mites et les poux d'y être pour quelque chose.

  3. Une mauvaise alimentation aggrave souvent les troubles physiques et émotionnels. Les suppléments, les aliments formulés et ceux qui demandent un certain effort comme les fruits entiers, le millet en grappe, les bâtonnets au miel et les aliments à base de carthame sont recommandés.

  4. Outre le stress causé par une mauvaise alimentation, des facteurs environnementaux comme une trop faible humidité, une température trop froide, une cage inappropriée, un environnement inadéquat et des perchoirs inintéressants ou inconfortables peuvent être sources de stress. L'absence de camarade de sexe opposé ou de congénères, ou la peur de certains êtres humains ou animaux sont d'autres causes difficiles à déceler.

    Voici quelques facteurs psychologiques communs qui peuvent stresser un oiseau :

    • L'anxiété provoquée par une séparation
      Certains oiseaux élevés à la main s'identifient tellement à leur maître qu'ils donnent à celui-ci un rôle de compagnon ou de compagne de vie, et la famille humaine devient un substitut à la bande d'oiseaux. Ces oiseaux s'adonnent rarement au picage devant leur maître, mais une fois seuls il est fréquent qu'ils s'excitent, se pendent aux perchoirs et l'appellent. Le picage peut être provoqué par de la frustration ou de l'anxiété excessives. Dans la nature, un oiseau reste normalement avec sa bande.

    • La frustration causée par le désir inassouvi de se reproduire
      Évidemment, les humains ne peuvent pas remplacer un oiseau. Les oiseaux cherchent naturellement à se reproduire et l'impossibilité de le faire peut les stresser.

    • Les troubles de comportement déclenchés par l'ennui
      Dans la nature, les perroquets travaillent de l'aube au crépuscule. Ils cherchent leur nourriture, la travaillent, cherchent de l'eau et interagissent avec les membres de leur bande. En captivité, ils vivent dans l'oisiveté. Quels que soient les moyens que nous utilisons pour les divertir, ils n'ont aucune occupation réelle. L'énergie qu'ils dépensent dans la nature pour simplement survivre est inutilisée quand la nourriture et l'eau leur sont fournies. Le toilettage excessif, le grignotage et le picage des plumes sont reliés au besoin de l'oiseau de faire travailler son bec.

  5. Quelquefois, un problème physique ou émotionnel temporaire amorce un comportement de mutilation des plumes qui devient une habitude. Celle-ci s'apparente au trouble obsessivo-compulsif que l'on rencontre chez les humains et chez d'autres animaux. Un trouble compulsif peut cacher un problème cérébral, qui rend physiquement difficile l'arrêt du comportement de mutilation. Un oiseau fatigué ou stressé semble avoir encore plus de misère à abandonner ce comportement.

  6. Les objectifs dans ce type de situation sont 1) identifier le problème médical (s'il en existe un) et 2) minimiser le stress et les facteurs qui en sont la cause.

  7. Le processus d'élimination du problème d'environnement et une «thérapie occupationnelle » peuvent être entrepris simultanément. Il faut mettre l'animal dans une cage plus grande ou déplacer sa cage dans un endroit plus fréquenté de la maison. Ou, si l'oiseau est timide, il faut élever sa cage dans les airs (tous les oiseaux semblent préférer cela). Quelquefois une boîte ou un nid fournissent une cachette additionnelle et une matière à ronger. Une boîte de carton (dans laquelle vous aurez découpé une entrée) placée dans un coin en haut de la cage peut faire l'affaire. La plupart des oiseaux s'amuseront à détruire la boîte à défaut d'y dormir. Introduisez lentement tout nouvel accessoire auprès des Gris d'Afrique, car certains sont craintifs. De plus, retirez l'oiseau de la cage et remplacez les perchoirs existants par des branches d'arbre « grignotables » comme les branches de pommier, de saule, d'aulne, de bouleau et d'érable. La transmission de maladies par le biais de branches d'arbres fraîches n'a jamais été démontrée et est quasiment impossible. Bon nombre de grands éleveurs utilisent ce type jetable de perchoirs naturels et ils les recommandent.

  8. Achetez quelques nouveaux jouets (essayez ceux en cuir, en cuir brut, en bois mou, les blocs minéraux, les miroirs, les grelots, les cordes, etc.) Remplacez les jouets brisés ou trop usés. Gardez en réserve certains jouets pour vous permettre de faire une rotation une fois par semaine. Vous pouvez aussi utiliser des augets à trous (c'est-à-dire des boîtes ou des tubes en PVC perforés dans lesquels des noix ont été glissées (à faire vous-mêmes ou à acheter). Vérifiez la qualité de ces articles divertissants avant de les donner à l'oiseau.

  9. Donnez à votre oiseau au moins 10 heures de noirceur chaque nuit. Vaporisez-le une fois par jour à l'eau tiède, ou amenez-le sous la douche s'il aime ça. N'oubliez pas d'améliorer son alimentation ou de la changer (offrez seulement les nouveaux aliments le matin et n'offrez l'aliment ordinaire qu'à partir de midi).

  10. Si c'est possible, achetez un nouvel oiseau. Un environnement propice à la reproduction améliore quelquefois la santé du volatile, bien que le picage ne cesse pas nécessairement.

  11. Amorcez un programme d'entraînement. L'apprentissage de trucs simples et des leçons semblent très utiles pour promouvoir une activité normale.

  12. Un traitement médicamenteux et un collier élisabéthain ne devraient être utilisés qu'en conjonction avec d'autres mesures pour modifier l'environnement et le comportement de l'animal. Le prozac, doxepin, haloperidol, clomipramine et naltrexone ont tous récemment été suggérés. Le vétérinaire de votre oiseau peut vous donner d'autres renseignements.

Louise Bauck B.Sc., D.V.M., M.V.Sc.

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