SOINS DES OISILLONS PSITTACIDÉS :
habitat et nourrissage des bébés perroquets



INTRODUCTION
Le nourrissage à la main des oisillons représente une partie essentielle du succès des aviculteurs. Les oeufs des psittacidés qui sont incubés artificiellement ou les oisillons retirés de leurs parents à un jeune âge, doivent être nourris à la main de trois à cinq mois. Les bébés nourris à la main sont des compagnons mieux apprivoisés et augmentent la production si les parents pondent de nouveau. Des couples reproducteurs peuvent négliger tous leurs bébés ou les plus jeunes d'entre eux, ou ils peuvent les dévorer. Lorsque ces cas surviennent, il faut retirer les bébés et les nourrir à la main.

La plupart des oiseaux exotiques gardés en captivité, tels les psittacidés et de nombreux types d'oiseaux à «bec délicat» sont nidicoles c'est-à-dire que leurs bébés naissent aveugles, et sont incapables de se nourrir et d'atteindre une régulation thermique. En raison de la précocité des oiseaux, le peu d'information disponible sur les soins assez simples à leur apporter est directement utile pour les perroquets. À l'aide d'essais et d'erreurs, les aviculteurs ont élaboré des procédures pour élever avec succès les oisillons dès leur éclosion.

HYGIÈNE ET CIRCULATION DES BÉBÉS PERROQUETS
Les responsables de la nourricerie doivent être principalement préoccupés de la prévention des maladies. Étant donné que le système immunitaire des oisillons n'est pas entièrement développé, que leur flore intestinale est en formation et que les couples de parents avaient précédemment été exposés à de nombreux organismes différents, le stress engendré par une mauvaise alimentation ou un environnement inadéquat peut rapidement entraîner des maladies. La nourricerie contient habituellement un groupement d'oiseaux sensibles aux maladies, provoquant plus facilement une contagion locale et paralysant le déroulement des opérations.

La circulation des bébés perroquets dans la nourricerie peut réduire les risques de contamination croisée. Il ne devrait pas y avoir de mélange de bébés élevés par leurs parents même si ces derniers semblent en parfaite santé et sont sous la responsabilité de l'éleveur depuis de nombreuses années. Les facteurs subcliniques de la maladie du bec et des plumes des psittacidés, du polyomavirus et d'autres maladies, peuvent les transmettre verticalement (par l'oeuf), mais avec plus de probabilité, horizontalement (directement) aux bébés dans le nid. Si ces bébés sont retirés du nid et ne sont pas soignés correctement dans la nourricerie, un taux de mortalité important peut s'ensuivre. L'augmentation du nombre d'oisillons provenant d'oeufs incubés artificiellement peut minimiser le risque des parents infectant leur progéniture.

Si on décide de nourrir à la main les oisillons nourris par leurs parents, on doit les retirer du nichoir avant l'âge de trois semaines ou avant l'apparition de sicots sur leurs ailes. Les oisillons plus âgés seront stressés au cours des premiers jours passés dans la nourricerie et peuvent ne pas vouloir la nourriture. Cependant, dès qu'ils ont assez faim, habituellement douze heures plus tard, ils accepteront d'être nourris à la main.

Nettoyer vos mains avant et également entre le nourrissage et la manipulation des oisillons et des nichées. Changer vos gants de latex jetables entre chaque groupe d'oisillons ou essuyer vos mains avec un désinfectant sans irriter la peau. Les bébés ne doivent pas être retirés de leur contenant sauf si c'est nécessaire, et on doit placer un essuie-tout propre sous chaque oisillon qu'on pèse.

PRÉPARATION DE LA NOURRITURE
Mélanger une formule fraîche pour chaque nourrissage. Ce procédé est plus hygiénique et plus pratique étant donné que la nourriture n'a pas à être conservée. Afin de bien préparer la formule pour le nourrissage, utiliser une balance pour la peser et un contenant volumétrique précis pour l'eau. Se servir d'instruments de mesure exacts, d'ustensiles propres et bien mélanger la formule.

La durée de préparation variera légèrement selon le four à micro-ondes et le type de contenant. Les contenants de plastique semblent refroidir la nourriture plus lentement que ceux de verre. La température de la nourriture, juste avant le nourrissage, devrait être légèrement plus chaude que la température du corps humain ou d'environ 40 ºC (100 ºF). Veiller à ne pas surchauffer la nourriture parce que si elle contient des parties plus chaudes ou n'est que de quelques degrés trop chaude, elle peut brûler les oisillons.


         Tableau 1. Ratio eau/purée sèche de la formule de nourrissage à la main

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Âge de l'oisillon		Quantité de la purée sèche		Quantité d'eau
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De l'éclosion			1 c. à tb = 9 g (15 cc)			      72 ml
à 2 jours			ratio du volume	1 :5
				ratio du poids		1 :7
				(12,5 % d'aliments solides)

De 3 jours			½ tasse = 64 g (120 cc)			      240 ml
au sevrage			ratio du volume	1 :2
				ratio du poids		1 :4
				(20 % d'aliments solides)

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Les formules pour jeunes oisillons, à partir de la naissance et du 2e au 4e jour, devraient être davantage diluées, et devraient contenir environ de 5 à 10 % d'aliments solides. Les bébés perroquets se développeront également mieux avec un régime alimentaire moins riche, plus faible en matières grasses et en protéines, et en féculents plus facilement digérés (un autre domaine nécessitant de la recherche). On devrait nourrir les oisillons plus âgés avec une formule dont le contenu en aliments solides serait de 20 à 30 % pour une consistance un peu plus épaisse qu'une compote de pommes. Ne pas assumer qu'une telle texture représente la bonne densité nutritionnelle puisque des épaississants peuvent donner une apparence plus dense à une formule contenant peu d'ingrédients secs.

La formule peut être conservée à la température de nourrissage exacte en la mettant dans un bol d'eau chaude.

MÉTHODES DE NOURRISSAGE
Il existe plusieurs techniques de nourrissage des jeunes perroquets. Les oisillons psittacidés répondent au nourrissage lorsque vous touchez les commissures de leur bec. Ce mouvement du haut vers le bas ferme la glotte et la nourriture se rend dans le jabot. Vous pouvez utiliser une cuillère à thé courbée pour donner la formule mais cette méthode peut être salissante et peut demander beaucoup de temps. Le nourrissage à la cuillère peut produire un oiseau plus apprivoisé en raison d'une manipulation accrue et constitue la méthode préférée de nourrissage de certains des aviculteurs les plus expérimentés au monde (Low, 1987). Cependant, les risques de transmission de maladies sont plus élevés avec ce type de nourrissage parce que la cuillère touche à plusieurs reprises la bouche des oisillons, trempe ensuite dans la formule et contamine la nourriture pour les autres oisillons.

Des petites pipettes en plastique sont utilisées par certains éleveurs pour nourrir les plus jeunes oisillons. Ces pipettes ne pouvant contenir que quelques ml de nourriture, les éleveurs doivent les tremper de nombreuses fois dans la nourriture avec le même potentiel de propagation des maladies qu'avec les cuillères.

Les seringues de différentes dimensions ayant un cathéter comme embout sont de plus en plus populaires pour le nourrissage des oisillons. Les seringues peuvent être utilisées pour faire tomber la nourriture goutte à goutte dans la bouche de l'oiseau; elles permettent également de mesurer la quantité de nourriture donnée, et sont plus faciles à utiliser. Les seringues en caoutchouc de silicone et munies d'un joint d'étanchéité sont plus durables que celles qui sont fabriquées de caoutchouc noir. Les seringues efficaces sont celles qui n'ont pas de joint en caoutchouc et qui ont une extrémité ronde et concave. Faire tremper les seringues dans un désinfectant à l'iode entre les nourrissages.

Les seringues sont habituellement utilisées pour déposer la nourriture dans le jabot de l'oiseau. Tenir la tête du bébé sans serrer en plaçant un doigt de chaque côté du bec et à l'arrière de la tête. Placer l'extrémité de la seringue de nourrissage à l'intérieur du côté gauche de la bouche de l'oiseau et lorsque l'oiseau réagit (en hochant la tête), déposer la nourriture à l'arrière de la tête. Cette méthode est relativement sûre mais nécessite de la pratique avant d'être utilisée sans dégât. L'avantage consiste à se servir d'une seringue différente par nichée et si un couple a des oisillons malades, les maladies ne sont pas transmises aux autres oisillons.

Un tube en caoutchouc souple recouvrant le bout de la seringue peut être inséré plus loin dans la bouche afin d'empêcher la nourriture d'entrer dans la trachée. Cependant, ce procédé peut avoir un effet sur le comportement de l'oisillon et peut prolonger le sevrage étant donné qu'il s'agit de la méthode de nourrissage la moins naturelle.

Bien remplir le jabot sans trop l'étirer et lui permettre de se vider entre les nourrissages. Ne pas confondre la petite poche de peau lâche autour du jabot vide avec un jabot qui contient encore de la nourriture. Les oisillons ont la peau plus lâche autour du jabot pour lui permettre de s'étirer. Les oisillons malades courent plus de risques d'avoir les poumons obstrués et le jabot s'amollit. Ces bébés devraient être déposés dans de petits contenants tels des tasses jetables de plastique qui les tiennent afin de les empêcher de tomber sur leur jabot. La fréquence de nourrissage ou la durée de l'acheminement dans l'intestin dépend du pourcentage d'aliments solides dans la formule, de sa digestibilité et de sa densité calorique. Les oisillons de moins de 3 jours doivent être nourris 6 fois par jour et les autres plus âgés sont nourris 4 fois par jour.

Les tubes de nourrissage en métal sont nécessaires uniquement pour nourrir de force les oisillons malades.

Tout instrument devrait être désinfecté entre les nourrissages et remplacé périodiquement. Certains aviculteurs font bouillir les seringues dans de gros autocuiseurs ou dans des casseroles ordinaires mais le plus fréquemment, on utilise des bains froids de désinfectants pour tremper le matériel de nourrissage. Les désinfectants les plus puissants sont les produits à base de glutaraldéhyde; cependant, les composés d'ammonium quaternaire ou les iodophores sont efficaces dans des conditions normales. Les désinfectants à base de phénol sont irritants pour la peau et les chlorhexidines n'éliminent pas complètement les pseudomonas que l'on retrouve dans un environnement humide et dans l'eau. À l'IHRA, nous avons perdu plusieurs cacatoès âgés de deux mois à cause des pseudomonas lorsque nous avons désinfecté les seringues avec la chlorhexidine. Les bactéries se sont développées directement à partir des seringues et à la suite d'un examen approfondi, des colonies pouvaient être aperçues dans les coins des manches des seringues.

HABITAT DES BÉBÉS PERROQUETS
1. Habitat des oisillons et contenants
Il existe autant d'habitats efficaces pour bébés perroquets que de formules pour nourrissage à la main. Certains logements sont des boîtes de bois de fabrication domestique dotées d'éléments électriques ou de lampes pour garder les bébés au chaud. D'autres gîtes adaptés aux oisillons sont faits de métal ou sont des aquariums de verre équipés d'un appareil de chauffage fait sur mesure qui couvre partiellement le couvercle ou le fond du bac. Les habitats munis d'un coussin chauffant sont souvent la cause de bébés brûlés, de brûlures thermiques ou de bébés qui ont froid étant donné qu'il est difficile de maintenir une température précise et constante (Stoddard, 1988). Le manque de contrôle de l'humidité constitue également un problème dans le cas des contenants de fabrication domestique ou adaptés. Les incubateurs de bébés humains et les contenants spécifiques vendus sur le marché pour oisillons sont munis d'un contrôle plus précis de la température et de l'humidité mais il est difficile de se les procurer et ils peuvent être dispendieux lorsque vous avez à loger de nombreux oisillons.

Les habitats devraient être relativement petits parce qu'une partie importante de la prévention des maladies chez les oisillons consiste à loger les nichées séparément, ce qui est moins possible avec de plus gros contenants. Les logements doivent fournir une chaleur constante et égale pouvant être réglée avec précision, doivent être bien aérés, être faciles à nettoyer et contenir un récipient d'eau pour ajouter de l'humidité.

Une installation qui répond à de nombreuses exigences se compose de petits aquariums pour contenir les oisillons que l'on dépose ensuite dans un plus grand aquarium ou une cuvette de plastique avec trois ou quatre pouces d'eau chaude. La température de l'eau est maintenue à 40 ºC (100 ºF) à l'aide d'un chauffe-eau submersible à thermostat pour aquarium. Ajouter du sel à l'eau pour limiter la croissance des pseudomonas et autres bactéries pathogènes. L'eau évaporée doit être remplacée afin que le chauffe-eau déposé horizontalement reste submergé.

2. Litière
Les oisillons de moins de deux semaines peuvent être gardés sur des essuie-tout dans des tasses de plastique, des contenants de yogourt réutilisables ou des petits aquariums. Les oisillons doivent être assis sur de la litière propre et sèche qui doit être changée à chaque nourrissage. Certains oiseaux n'auront peut-être pas assez d'équilibre et on doit alors les déplacer sur du papier, des copeaux de bois ou des serviettes pour éviter des pattes tournées en dehors. Lorsque les oisillons sont âgés d'environ deux à trois semaines, nous les transportons dans de petits contenants de plastique contenant quelques épaisseurs de papier journal sous quelques pouces de copeaux de bois. Les rafles de maïs, les écales de noix et les litières composées de granulés ne sont pas populaires ou perdent la faveur des aviculteurs à cause de leurs différents inconvénients.

Certains oisillons peuvent avoir tendance à manger les copeaux peut-être à cause d'autres complications telles un régime alimentaire insuffisant en calories ou une chaleur excessive. Si vous utilisez des serviettes, vous pouvez voir clairement les fientes des oisillons mais leurs pieds et leurs plumes peuvent être recouverts d'une croûte par les fèces et vous pouvez dépenser du temps et de l'énergie à laver des serviettes. Les couches jetables sont peu économiques et les oisillons restent plus propres lorsqu'on les dépose sur du papier traité ou des copeaux.

3. Température
La température et l'humidité ambiantes des oisillons nidicoles doivent être réglées. Les bébés, jusqu'à ce qu'ils soient recouverts de plumes, ont besoin de chaleur supplémentaire au-dessus de la température de la pièce pour se développer et même survivre. Les oisillons qui ont froid à cause de la négligence de leurs parents ou d'une panne de courant du chauffe-eau de leur logement, se détérioreront rapidement. Ces bébés mourront peut-être plus tard même après avoir été réchauffés. La température de la nourricerie devrait être gardée entre 78 et 82 ºF.

Le gîte des oisillons nouveau-nés peut rester à la température d'éclosion, de 35 à 36,5 ºC (96 à 98ºF) pour les premiers jours. Dès que le bébé mange plus d'aliments solides, à environ 2 ou 3 jours, on peut le garder à une température plus basse de 33,5 à 35 ºC (92 à 96 ºF) selon l'espèce et son métabolisme. À partir de ce moment et jusqu'à deux semaines, les oisillons devraient être logés à une température ambiante de 32 à 33,5 ºC (90 à 92 ºF) (Tableau 2). Si les températures sont trop élevées, les bébés peuvent montrer de l'essoufflement, de l'agitation, de l'hyperactivité et avoir la peau sèche et rouge (Clubb and Clubb, 1986). Les températures froides peuvent provoquer la mort ou se manifester par un mauvais transit intestinal, une stase du jabot ou d'autres troubles digestifs, l'incapacité de se nourrir ou de demander de la nourriture, l'inactivité ou les tremblements (Clubb and Clubb, 1986).


                 Table 2. Température approximative de l'habitat

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                Âge                                              Température
                                                                C           F
  _______________________________________________________________________________________
	
	De la naissance au 2e ou 3e jour                        35,0-36,5     96-98
	Du 3e jour à la période entre le 14e et le 21e jour     31,1-34,0     88-94
	De l'âge de 3 semaines jusqu'au sevrage	                25,0-30,0     76-86
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4. Humidité
Les cavités naturelles de nidification dans les troncs d'arbres ont probablement une humidité relative élevée. Les fientes humides des oisillons à l'intérieur de ces cavités contribueront davantage à un environnement humide. Malheureusement, on ne retrouve pas cette humidité dans la plupart des nourriceries (Clipsham, 1989b). De nombreux bébés perroquets sont traditionnellement élevés dans la chaleur sèche avec des coussins chauffants, des ampoules ou des serpentins électriques.

Un taux d'humidité de 55 à 70 % produit des bébés plus calmes, plus gras avec un taux de croissance plus élevé que ceux qui sont gardés à un taux d'humidité de 15 à 35 % (Clipsham, 1989b). L'humidité ambiante pour une couvée et pour les oisillons nourris à la main peut être plus élevée en augmentant l'humidité de la nourricerie plus efficacement à l'aide de contenants d'eau comme source de chaleur et d'humidité. Un petit aquarium submergé et entouré d'eau chauffée par un chauffe-eau submersible d'aquarium est très efficace pour les oeufs et les bébés avant l'âge d'une semaine.


Partie 2
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